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Carnet de gares
28 octobre 2010

Vientiane : on prend racine

A Nong Khai, ville-frontière thaïlandaise au bord du Mékong, nous piétinons quatre jours avant de nous résoudre à rentrer au Laos. Notre visa de deux semaines expire bientôt, mais ces sept derniers jours nous ont pourtant donné envie de rester en Thaïlande. Difficile de quitter le pays où nous avons goûté à la facilité des transports, à la gentillesse des locaux, à la qualité de la nourriture, aux prix fixes et bon marché. Nous sommes déçus par le Laos, où nous imaginions pouvoir sortir des sentiers battus et faire des treks dans la nature en dépensant peu d’argent. En fait, notre budget nous permet seulement de dormir, manger, prendre un tuk-tuk par jour, visiter un temple… Même les transports d’une ville à l’autre sont très chers. Quand aux Laotiens, ils sont aussi durs en affaires que les Vietnamiens, mais nous les trouvons moins sympathiques et prompts à la rigolade que leurs voisins.

Il faut être honnête, nous avons envie de nous reposer. Plus de bus pendant dix heures sur des pistes caillouteuses, plus de sac à faire et à défaire, plus de marche interminable pour trouver une guesthouse en sortant du train. Nous sommes blasés de beaux paysages, fatigués de visites. Des siestes, des bons repas, le temps pour écrire, le confort urbain : voilà ce qu’il nous faut. Pour la première fois depuis que nous sommes partis, je n’ai plus cette sensation dans le ventre qui me fait dire à Tristan au bout de deux ou trois jours : « j’ai envie de voir la suite. » Nous remettons en question notre itinéraire, qui devait nous amener à Luang Prabang, dans le Nord du Laos, au prix de longs et éprouvants trajets en bus. Du coup, nous déposons nos demandes de visa pour la Thaïlande et l’Inde. Voilà comment, deux semaines après notre arrivée à Vientiane, nous y sommes toujours.

Heureusement, la capitale laotienne est pleine de bonnes surprises. Elle ne nous séduit pas dès notre arrivée. Mais au bout de quelques jours, après des rencontres sympathiques avec d’autres voyageurs, une visite à la piscine municipale déserte, la découverte d’un restaurant français correct et peu cher et de quelques magasins qui me font de l’œil, nous finissons par nous sentir chez nous. Le tour du centre-ville est vite fait. En fait de capitale, on se croirait dans une ville moyenne thaïlandaise dans le genre de Chiang Mai, avec beaucoup de temples et de boutiques d’artisanat, de restaurants et d’hôtels. Le palais présidentiel se trouve à quelques centaines de mètres de notre hôtel ; il a l’air inoccupé. Nous sommes au centre du Laos, là où tout se passe, et… apparemment il ne se passe pas grand-chose. C’est un pays quasiment inexistant sur l’échiquier des puissances mondiales, dont les revenus proviennent principalement des aides étrangères. Ce qui explique sa faiblesse face aux investisseurs chinois qui viennent piller les ressources naturelles, l’influence de ses voisins vietnamiens, thaïlandais et même coréens (beaucoup de boutiques sont tenues par des étrangers), et, à notre humble niveau, l’insistance pénible des chauffeurs de tuk-tuk et l’augmentation excessive des tarifs hôteliers.

Quand on voyage, pas le temps de prendre soin de soi. Je profite donc de ce moment de calme pour faire du sport, écrire, et suivre un cours de méditation vipassana donné gracieusement par les moines du Vat Sok Pa Luang, un temple au milieu d’un grand jardin. Je me trompe d’abord de pièce et participe sans le savoir à un rituel bouddhiste orchestré par des moines femmes, qui consiste à déambuler autour d’une salle avec des fleurs de lotus et une bougie à la main. Je n’y comprends pas grand-chose, mais je suis émue par ces moines qui accueillent une étrangère naturellement, comme si de rien n’était. Après la cérémonie, elles m’indiquent l’endroit où se passe la méditation. On ne peut pas le manquer : une vingtaine de touristes sont assis en tailleur face à quatre moines. Je les rejoins silencieusement. Les moines nous enseignent la méditation par la marche : un pas très lent et décomposé, les mains jointes au niveau du ventre, tête baissée. Un exercice idéal pour se vider l’esprit et se concentrer sur chaque partie et mouvement du corps et sur sa respiration. Ayant une petite expérience du yoga, je ne suis pas perdue, mais beaucoup d’autres étrangers n’ont de toute évidence jamais fait ce genre d’exercice. Après une heure et demie de méditation, je ressors vidée, légère et sereine. Un peu déçue seulement de ne rien avoir compris aux explications des moines qui parlaient anglais avec un accent lao très prononcé.

Nous avons finalement récupéré nos visas indiens, heureux de reprendre la route. Notre voyage a ceci de merveilleux qu’il n’est pas figé. Il prend la forme de nos envies, s’adapte à notre rythme. Après quatre mois, j’ai envie de retrouver une vie plus sédentaire et citadine. Comme prévu initialement, nous partons pour Luang Prabang, dont tout le monde nous fait une description élogieuse. Une autre ville où nous pourrons rester quelques temps pour apprécier la vie quotidienne et prendre notre temps.

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