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Carnet de gares
6 octobre 2010

Vietnam : mode d’emploi

Difficile de faire une liste de ce qui nous a déplu au Vietnam. Dès notre arrivée, nous nous y sommes sentis bien, détendus. Sans doute notre mauvaise expérience chinoise explique-t-elle en partie notre enthousiasme. Enfin les vacances ! Et comme tout le monde sait : en vacances, on a tendance à devenir flemmard. C’est ce qui m’est arrivé. Je n’ai pas écrit un mot dans mon journal de bord, j’ai eu du mal à tenir le blog à jour, je n’ai pas bouquiné. J’ai beaucoup, beaucoup dormi. J’ai laissé le temps filer en me posant dans un coin avec un cocktail de jus de fruits frais. Du début à la fin, nous avons profité d’une vie facile. L’hôtellerie est d’un bon rapport qualité-prix, environ dix euros pour des chambres tout à fait confortables et propres, avec air conditionné, wifi dans la chambre, salle de bain avec eau chaude, parfois frigo et balcon, voire piscine. Tout est pensé pour les touristes, nombreux, par des Vietnamiens très fort en commerce.

Je n’ai jamais autant papoté avec des locaux que là-bas : notre hôtesse à Hanoi qui nous parle de sa fille installée en France, Loan et ses bises qui claquent, Hue et son sourire lumineux, la serveuse du Sunflower à Hoi An qui voudrait bien partir avec nous… Quand on reste plus d’une nuit dans un hôtel, on se sent des VIP : les patrons nous offrent une banane à la fin du repas, mettent double portion de riz pour le même prix, nous disent bonjour comme à des habitués. Et pas une seule fois nous avons dû acheter un de leur circuit ou manger un petit déjeuner chez eux contre notre gré. Le Vietnam est un pays bon marché, mais riche en gentillesse et en sourires.

Les paysages superbes, la cuisine diversifiée, fraîche et saine, les transports confortables : que demander de plus ? Aucun stress non plus : les villes sont vertes, certes bruyantes mais pas assez grandes pour nous faire perdre notre sang froid. Tout le monde est détendu : si on rate un bus, il y en aura toujours un après, profitons en pour boire une petite bière à la terrasse d’un restaurant en regardant les gens passer : c’est gratuit et garanti 100% zen. On peut déplorer que certains endroits soient vraiment très touristiques, ou en train de le devenir. C’est le lot de ces pays où il fait bon voyager. On sent parfois l’influence chinoise, en général sur des sites accessibles par une trois voies en bitume, où s’élèvent d’abominables complexes hôteliers, où les prix augmentent et où l’on se croirait à Disneyland. Mais dans l’ensemble, les Vietnamiens ont le sens des affaires et savent sans doute qu’il ne faut pas défigurer un site s’ils ne veulent pas faire fuir les touristes occidentaux. Comparé à son grand voisin, le pays est extrêmement propre, presque pas d’odeurs d’égout, aucune décharge à ciel ouvert visible de la route. La circulation est dense et compliquée dans les grandes villes, mais dès qu’on s’éloigne un peu des centres urbains, rien ne vaut une balade en moto pour découvrir l’arrière-pays et se sentir pousser des ailes.

Le pays a pourtant mauvaise réputation ; nous l’avons vérifié en parlant à certains voyageurs qui nous ont mis en garde contre les Vietnamiens, « désagréables et malhonnêtes ». Même le Lonely Planet évoque souvent les arnaques récurrentes sur les sites touristiques. Il existe sans doute des gens sans scrupules qui feraient n’importe quoi pour gagner un peu d’argent, mais nous n’avons pas été en contact avec eux, sauf peut-être la rabatteuse pénible et collante de Haiphong. Il faut rester vigilant : ne pas s’adresser aux rabatteurs aux abords des gares, ignorer ceux qui vous interpellent dans la rue, ne pas confier le soin à un passant de se procurer quelque chose pour vous, ne pas acheter de souvenirs devant un site touristique, marchander avec le sourire et s’éloigner si le vendeur semble agressif, discuter les prix en général partout où ils ne sont pas fixes : dans les hôtels, les boutiques, parfois les restaurants de rue, les loueurs de véhicules, les agences de voyage etc. Ne pas oublier que nous avons en effet plus d’argent qu’eux, rester cordial, éviter ceux qui sont trop pressants ou désagréables.

Facile de faire des économies : prendre les moyens de transport locaux, ne pas sauter dans un bus climatisé « VIP » pour aller voir les sites facilement accessibles, manger dans les mêmes restaurants que les gens du coin, ne pas accepter de payer des prix évidemment trop élevés. Le tourisme dans un pays où le niveau de vie est largement inférieur au nôtre implique un équilibre fragile : il faut accepter de payer plus que les locaux, puisque notre pouvoir d’achat est évidemment plus élevé, mais il ne faut pas se laisse traire comme une vache, parce qu’on encourage les gens peu scrupuleux à nous prendre pour des distributeurs automatiques ambulants. Résister et leur faire comprendre que nous ne sommes pas dupes, pour gagner leur respect. Alors ils vous montreront le chemin à suivre pour vous rendre à votre destination à pied, le meilleur boui-boui où manger un bun bo pas cher, l’endroit où l’on prend le bus local… Et si vous leur dites combien vous avez acheté cette noix de coco ou ces cartes postales que vous tenez à la main, ils vous diront : « too much », ou « good ! ».

Si vous espérez vous plonger dans les vestiges des siècles derniers, si vous détestez marchander, si vous êtes allergiques aux herbes aromatiques, le Vietnam vous plaira sans doute moins qu’à nous. Le pays a été marqué par la guerre, les monuments bombardés, il reste peu de témoignages de son lointain passé, à part quelques sites Cham en mauvais état (passionnant par contre pour ceux qui s’intéressent aux deux guerres d’Indochine). Sans doute le parti communiste, trop confiant de ses acquis, ralentit les initiatives d’une population jeune et assoiffée de modernité. Nous n’en avons pas moins ressenti et aimé le dynamisme de ce pays qui a définitivement tiré un trait sur son passé douloureux.

Le visa n’est valable que pour la courte durée de trente jours. Nous avons dû stopper notre descente vietnamienne dans la belle ville de Hoi An, tout juste au centre du pays. J’aurais aimé voir les hauts plateaux de Dalat et ses villages accueillant de nombreuses minorités ethniques, visiter Saigon et savoir pourquoi nombre de voyageurs la préfèrent à Hanoi, me laisser guider au fil de l’eau sur le delta du Mékong. Et surtout, j’aurais aimé savoir si les Vietnamiens du Sud sont, comme on le dit, si différents de ceux du Nord. Nous sommes sortis du pays à reculons, conseillant à tous ceux que nous croisions d’aller y faire un tour, quand c’est à nous-mêmes que nous nous adressions.

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Commentaires
C
C'est un plaisir de savoir que ce voyage continue d'exister grâce à des nouveaux lecteurs comme vous ! Ravie que ça vous plaise, bonne lecture,<br /> Charlotte
4
J'ai découvert votre blog tout récemment et je dois dire que je prends beaucoup de plaisir à le parcourir à reculons (notamment les billets relatant votre périple au Vietnam, mon pays d'accueil...).<br /> Joli bilan! ;)
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