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Carnet de gares
16 octobre 2010

Thaïlande : saut de puce au pays du sourire

Sur la route vers le Laos du Nord, nous faisons un court passage en Thaïlande de l’Est, appelée « Isan » : une province du Laos tardivement annexée au Royaume du Siam, à l’écart des chemins touristiques thaïlandais, moins riche que le reste du pays, et réputée pour l’extrême gentillesse de ses habitants. Nous passons la frontière à Paksé et nous retrouvons en quelques heures de bus dans la ville d’Ubon Ratchatani, où nous ne croisons aucun autre voyageur occidental. C’est le choc du retour à la civilisation : supermarchés, magasins de marques, 4x4 flambant neufs, immeubles en béton… Tristan évoque une ressemblance avec le Japon, version très bon marché. Si les tarifs du logement changent peu, les repas et les transports sont bien moins chers en Thaïlande qu’au Laos. Avec le même budget (20€ par jour pour nous deux), nous pouvons à nouveau nous offrir des extras : petits gâteaux, crèmes glacées, deux paires de tongs pour remplacer mes vieilles tatanes chinoises… et même faire des économies.

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Je me souviens pourquoi j’avais tant aimé ce pays lors de ma première visite : tout y est simple. Les Thaïlandais baragouinent presque tous quelques mots d’anglais, s’arrêtent dans la rue quand ils vous voient lire une carte pour vous aider à trouver le chemin, vous renseignent dans les gares et vous amènent jusqu’au bon quai, vous accueillent avec le sourire quand vous faites le pied de grue avec une mine perplexe devant un stand de rue où le nom des plats est écrit en thaï… Tous les prix ou presque sont fixes ; après les efforts de marchandage constants au Vietnam et au Laos, on sent un poids s’envoler de nos épaules.

Nous sentons a posteriori à quel point nous avons été déçus par le Laos. Les gens qui ont vu le pays il y a quelques années nous avaient parlé des prix dérisoires et de la gentillesse des Laotiens. Avec la montée du tourisme, les tarifs indiqués dans le Lonely Planet 2009 ont systématiquement doublé, et les gens que nous avons croisés dans le Sud – hôteliers, restaurateurs, chauffeurs de bus – paraissent méfiants, distants et ont rarement été ouverts à un quelconque contact personnel avec nous. En comparaison, la Thaïlande, vieux pays touristique, a trouvé le juste équilibre pour profiter du tourisme sans nous confondre avec des vaches à lait. Nous n’avons jamais l’impression de nous faire escroquer, et sommes d’autant moins méfiants quand des inconnus aimables nous proposent leur aide. Le pays n’a pas usurpé son surnom de « pays du sourire » et me le prouve une seconde fois. Pour la première fois depuis notre départ de France, on se sent accueillis à bras ouverts ; le sentiment est jouissif.

Le soir de notre arrivée à Ubon, j’entraîne Tristan au marché de nuit, le vrai joyau de la culture de rue thaï. Au Laos du Sud, les marchés sont installés dans des terrains vagues boueux, souvent proches des terminaux de bus. Au Vietnam, ce sont des étals comme chez nous, où on peut acheter mais où il n’y a pas d’emplacements prévus pour manger. En Thaïlande, ce sont des stands éclairés sur des placettes, près desquels sont installées des tables et des chaises en plastique. On choisit le plat qui nous fait envie – soupe, riz garni, nouilles sautées, poulet grillé – et on s’assoit en attendant d’être servis. En attendant, on va chercher un jus de coco frais un stand plus loin, une bière, une brochette de porc à la sauce cacahouète pour l’apéro… Ca ressemble aux foires estivales dans nos villes et villages français, où on se prend une portion d’aligot ou une douzaine d’huîtres avec un petit blanc bien frais. Mais ici, c’est toute l’année (merci le climat), et c’est la meilleure surprise de ce petit détour thaïlandais.

La balade nocturne à Ubon passe par un parc illuminé, où des jeunes et moins jeunes se détendent et jouent au football, au badminton, au volley-ball. Le cours de gym civique, gratuit, sur de la musique pop américaine, n’a rien à envier à notre fashionable « gym suédoise ». Dans ce pays riche, nous retrouvons la société de loisirs, les magasins de déco, les salons de beauté, les parfumeries, les jeunes qui flânent près de la rivière main dans la main. Tous ces indices d’une société prospère, qui a le temps et l’argent d’avoir une vie après le travail. Ce serait malhonnête de ne pas avouer notre plaisir à retrouver tout ça. Nous n’avons jamais été si proches de notre mode de vie qu’ici, et après trois mois et demi de voyage dans des conditions parfois difficiles, la pause est salutaire. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles les avis sont si partagés sur cette destination. Aller en Thaïlande, ce n’est finalement pas partir bien loin de chez soi. C’est mettre une goutte d’exotisme dans un mode de vie à l’occidental. Pour les aventuriers, ce n’est pas vraiment un voyage. Pour la plupart des touristes, c’est rassurant. Pour nous, c’est reposant. Quand on parle à d’autres voyageurs au long cours, tous passent pas mal de temps ici, font des sauts de puce depuis Bangkok, et jamais personne ne critique le pays comme on se permet de critiquer le Vietnam, le Laos ou la Chine. La Thaïlande est une destination consensuelle, c’est le seul reproche qu’on puisse lui faire. Mais finalement, qu’y a-t-il comme mal à se faire du bien ?

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Commentaires
C
Coucou Charlotte et Tristan<br /> Merci pour ce bel article sur la Thailande. Je suis tout a fait d accord. Les Thailandais sont vraiment adorable et meme si j adore le Laos et ces paysage magnifique il est difficile d avoir des contact avec les locaux. Souvent ils refuse de marchander et prefere perdre un business que d adapter leur prix. Ce matin nous quittons Thakhet pour Savanakhet.<br /> Je vous embrasse<br /> Celine
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