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Carnet de gares
17 septembre 2010

En routards à la Baie d’Along

Même le Lonely Planet s’acharne à le dire : on peut difficilement visiter la Baie d’Along sans passer par un tour organisé. Oui, mais… Nous n’avons pas un budget assez conséquent pour nous offrir le luxe de dormir sur un bateau dans la baie, comme le font la plupart des étrangers. Nous décidons donc de nous débrouiller autrement : depuis Hanoi, nous rejoindrons Haiphong, sur la côte, d’où nous prendrons un ferry pour l’île de Cat Ba, puis de là un transport pour Along City, en passant par la fameuse baie. Simple sur le papier, un vrai parcours du combattant dans la réalité.

Le trajet en train entre Hanoi et Haiphong ne présente aucune difficulté : c’est à l’arrivée que les choses se corsent. Nous sommes les deux seuls blancs, cible toute indiquée pour une rabatteuse collante qui veut à tout prix nous faire prendre un taxi pour l’embarcadère. Nous négocions, partons à pied, elle geint et nous suit en moto. Nous lui disons non quatre fois, elle nous rattrape cinq fois, puis finit par accepter notre proposition de prix pour le taxi. Elle monte avec nous, prétextant que le chauffeur ne connaît pas la route… Impossible de se débarrasser d’elle sans se fâcher. Comme je m’y attendais, elle nous arrête devant une vendeuse de billets à la sauvette, où l’aller pour l’île de Cat Ba coûte 200.000 VND au lieu des 70.000 VND annoncés par le Lonely. Nous rions jaune et tournons les talons. Heureusement, à 20 mètres j’aperçois les bureaux de l’embarcadère pour Cat Ba. Ils sont vides, jusqu’à l’arrivée en trombe d’une Vietnamienne qui nous explique que tous les bateaux sont partis et qu’il ne reste plus que celui à 200.000, ou un autre le lendemain à 150.000 VND. Rebelote : ce ne sont pas les prix du Lonely, on ne va pas se laisser faire.

La rabatteuse collante au tee-shirt jaune nous rattrape encore une fois. Elle nous jure ses grands dieux qu’il n’y a pas d’autre ferry pour Cat Ba, et nous encourage à aller vérifier auprès de deux autres Occidentaux qu’elle a pris dans ses filets. Nous nous éloignons et discutons pendant une dizaine de minutes : Tristan se résout presque à acheter les billets à 200.000. Nous faisons une dernière tentative vers le bureau. La rabatteuse surgit à nouveau de nulle part, et nous conduit vers un homme à un stand de billet juste devant l’embarcadère et n’était pas là quand nous sommes arrivés. Chez lui, c’est 150.000 VND. Nous refusons, et il se met à rire. Il nous montre du doigt l’intérieur des bureaux. La rabatteuse nous y accompagne en nous promettant enfin que nous allons pouvoir y acheter les fameux billets à 70.000. Deux employés dorment sur des bancs, pas étonnant que nous ne les ayons pas vus la première fois. Elle en réveille un, qui nous signe deux billets à 70.000 pour le lendemain 6h… Nous avons vaincu.

La rabatteuse ne décolle pas de nos talons. Elle n’a pas réussi à avoir sa commission sur nos billets de bateau, donc elle nous emmène manger dans un resto de rue en majorant le tarif de l’assiette de riz garnie de 5.000 VND. Tristan bouillonne ; je reste polie mais je n’en pense pas moins. A présent, elle veut que nous allions visiter l’hôtel pas cher de son ami. Tristan lui dit au revoir d’un air qui ne laisse pas place à la discussion. Pleurnichant, elle nous reprend la carte du fameux hôtel, essaie de nous vendre des cartes postales, puis finit par s’éloigner à contrecœur. Elle n’est pas tombée sur les bons pigeons…

Arrivés à Cat Ba, nous découvrons des tarifs défiant toute concurrence : de la nuit d’hôtel à la location de moto en passant par le jus de mangue pressé, tout est très bon marché. C’est donc un autre problème auquel nous sommes confrontés. Comment visiter la baie d’Along sans payer un circuit à 25 $ par jour et par personne (c’est-à-dire quasiment le double de notre budget journalier) ? Nous décidons d’explorer les possibilités qui s’offrent à nous en restant deux nuits et en louant un scooter pour visiter l’île. Nous la traversons par un matin brumeux, découvrant qu’elle est couverte d’une forêt vierge, épaisse, vert émeraude, digne des films de King Kong. Tout au bout, on découvre un morceau de baie qui n’a rien à envier à Along : des pics karstiques se découpent sur l’eau bleu foncé, quelques petites embarcations de pêcheurs, pas de touristes. Une rencontre inattendue avec un gang de mini cochons roses, une soupe sur le port qui fait figure de bout du monde, des paysages spectaculaires : encore une journée à moto inoubliable. Le soir, pour nous rafraîchir, nous faisons un saut sur l’une des petites plages de l’île. L’eau n’est pas bien propre, mais elle est chaude, et le bain bienvenu. Notre première baignade !

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A la fin de la journée moto, nous avons trouvé une solution pour nos ennuis de budget. Nous nous sommes arrêtés au port d’où partent les bateaux touristiques, où pour la modeste somme de 200.000 VND on nous a proposé d’embarquer avec des touristes, puis de changer de bateau pour rejoindre une jonque luxueuse qui rentre au port d’Along City. Certes, nous ne visiterons pas l’île aux singes, les grottes, et nous ne nous arrêterons pas pour nous baigner dans la baie (vu la saleté des eaux, je ne l’ai pas regretté), mais nous verrons la baie d’Along sans devoir ensuite manger des nouilles pendant dix jours.

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Nous partons vers la baie sous un ciel bleu turquoise. La balade est magnifique : nous passons au beau milieu d’un village de pêcheurs – des petites bicoques qui flottent sur des gros bidons colorés – entre les pics karstiques, comme sur les brochures touristiques. Nous rejoignons un grand bateau luxueux qui a passé la nuit dans la baie, et profitons gratis des transats sur le pont en bois exotique. Je suis moins émerveillée par ce paysage que la veille sur la petite route qui traversait la jungle… Je dois reconnaître que dormir sur l’eau et profiter des lumières de l’aube et du crépuscule en sirotant une bière doit être une expérience autrement inoubliable. Peut-être une autre fois.

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A l’arrivée à Along City, un autre challenge nous attend. Quand tous les touristes embarquent dans les bus, minibus ou taxis qui les attendent, nous préférons chercher le bus local qui nous amènera à Ninh Binh puis Tam Coc, la baie d’Along terrestre. Deux malins font le pied de grue devant l’office du tourisme pour nous proposer des cars touristiques : nous les contournons et entrons dans les bureaux. Il nous en coûtera 5.000 VND en transport en commun pour atteindre la gare routière, puis 90.000 VND pour Ninh Binh. Un très sympathique jeune homme nous conduit jusqu’au bus et demande au conducteur de nous indiquer le bon arrêt. Nous montons à bord : nous sommes les seuls blancs. Nous ne sommes pas peu fiers. Pour moins de 20 euros pour deux, nous avons fait une superbe balade en bateau et rejoint notre destination suivante. Nos réflexes de routards s’aiguisent ; économiser nos sous devient un jeu d’enfant. Et puis cette satisfaction orgueilleuse, commune à beaucoup de voyageurs français que nous rencontrons, d’être les seuls à trouver la combine, et de voyager à la mode locale. Ca fait partie du plaisir !

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